Notes (à vous)

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C’est le printemps

Et sous la neige fondue j’ai retrouvé,

Une pelle cassée, une liste froissée, un marron grignoté.

Un bulbe arraché

Et des soupirs devant le bordel des rongeurs.

C’est le printemps, grand barda ménager.

Dans une craque du plancher j’ai trouvé;

un papille de boucle d’oreille, une mèche de cheveux pas teints, une perle de verre

Du temps pour t’écrire.

Et un sourire au songe de ce futile petit bonheur.

 

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Les petits papiers, les mini notes.

Dans les cahiers dans les carnets.

Les offerts, les achetés, les accumulés; obsessive lubie.

Grifonnages posés là et ici.

Retrouvés souvent trop tard, parfois à temps, parfois pas.

Des cahiers remplis des ces encres précieuses.

Pensées folles qui se sauvent aussitôt nées

qu’on doit agripper avant qu’elles quittent le nid.

De l’esprit échevelé.

L’écriture en friche qu’on ne déchiffre pas.

Prescriptions pour guérir rien.

Sinon assouvir le besoin de créer.

Toujours.

 

 

À vous. Ça fait longtemps…

 

 

 

 

 

 

Que faire (suite)

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Je dors.

Pour ceux qui se le demandent. Ou pas.

Je dors. Longtemps. Sans pauses pipi. Sans réveils de ronflements, sans terreurs nocturnes  ni cauchemars.

Je me réveille quand mes yeux s’ouvrent d’eux-mêmes et pas parce que mes oreilles entendent les portes claquer et les bonhommes dans la télé.

Je refais mes réserves de sommeil réparateur et profond.

Jamais en bas de 10 heures. Et je suis chiche sur le chiffre.  C’est pour ne pas vous contrarier.

9 ans que je n’ai pas enfilé 2 nuits de plus de 8 heures de suite. Ça fait beaucoup de chiffres hein?

Est-ce ce qu’on appelle vivre un rêve?

Se lever sans cadran est un luxe de retraité que je me permet bien avant le temps.

Et comme j’aspire à travailler aussi longtemps que Janine, je ne le vivrai pas à nouveau avant bien longtemps encore.

Donc, je dors.

 

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La vie de soir me plaît tant qu’elle est éphémère.

C’est ce qui fait tout son charme.

Partir travailler en croisant les enfants qui rentrent à la maison;  le bruit de leurs bottes traînantes avec au bout de leurs bras trop longs, des boîtes à lunch plus vides qu’à l’aller. Ayant laissé seulement les petites carottes blanchies au fond d’un sac et une gorgée de soupe dans le thermos.

La vie de travailleur du soir.

Cette vie de toutes les permissions. Quand le travail n’en semble pas un. Être même étonnée d’être payée pour le faire. Que la charge seule d’une salve d’applaudissements en fin de course soit suffisante.

Retrouver les amies en loge. Les petites habitudes. Les rituels. Les « conte moi donc ça ».

La journée de plein air de l’une, la longue nuit de sommeil réparateur de l’autre, les grandes dépenses en guénilles de toute une chacune. Un petit rhume qui se pointe la face, sitôt assommé à coup de gouttes, de gélules, de gargarismes.

Meubler sa journée « en attendant ». C’est vraiment à ça que ça ressemble. Regarder sa montre aux quarts d’heure dès 15h. Pour que chaque minute soit profitable d’ici le départ vers la loge. Se préparer doucement, souper juste assez tôt et léger. Pas trop tard, pas trop lourd.

Le temps prend alors une autre dimension. N’est plus réglé par le son de la cloche de la fin des classes. Ni par celui du four qui sonne le début du souper animé en famille. Mais par celui du stand by 1h, du stand by 30, jusqu’à la rumeur de la salle qui vient envahir l’estomac de papillons, s’ils n’avaient pas encore trouvé leur chemin à venir jusque là.

Travailler le soir c’est être en sursis toute la journée. Être en stand by.

Et préparer avant le départ, le retour.

L’ordre qui se fait sur la  table, vider le thé froid, ranger les lectures inachevées.

Préparer le lit qui nous accueillera dans ses bras chauds au retour, à défaut d’avoir ceux de l’être aimé.

Laisser une lumière allumée. Comme la sentinelle sur la scène à l’arrivée au théâtre.

Pour que les fantômes y voient clair.

Et ne s’éclatent pas le petit orteil dans les marches qui mènent aux coulisses.

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L’ombre des flocons.

 

La brillance de la neige.

Lumineuse et flamboyante dans la nuit.

Être la première à froisser ce coussin de flocons.  Comme le pied sur une lune fraîche.

Cet édredon de cristal qui couvre tout, sans préférences. Qui se pose là où ça atteri.

Les lampadaires rendant l’ombre des flocons sur ses semblables déjà au sol.

Amassés. Ensemble.

Ombres grises sur drap immaculé.

La ville endormie qui crisse sous mes pieds.

La ville qui me veille et me porte jusqu’à mon lit où je rêverai de toi.

De vous.

 

 

 

 

 

 

 

Dehors octobre

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La table est remplie de pinceaux et ombres nacrées, qui attendent patiemment leur tour de briller dans les petits visages lundi.

La maison habitée par des chauves-souris en carton, des serpentins mauves et noirs, les fenêtres gélatinées de squelettes et d’araignées. Pas de toute, ici on aime la fin octobre.

Partout étalés des sacs transparents avec dedans des costumes, parfois achetés, souvent confectionnés à coup de colle chaude et quêtes dans les comptoirs d’aide pour dénicher l’item manquant parfait. J’aime ça, que voulez-vous.

Des suçons un peu vieillots de l’an passé (c’est juste du sucre, ça passe-tu date des suçons?) mis de côté pour les 16 ans paresseux en quête de nananes, qui me tendront leur sac d’école ouvert en baissant la tête sous leur hoodie noir. Nice costume les gars le Eminem sourd et muet. Ça mérite un vieux suçon passé date.

Stand-by citrouille dans 3, 2…

Ont déambulé sur mes planchers qui craquent: Petit poulet à la crête de feutrine, Abeille achetée par Maman trop fatiguée pour coudre et portée par petit-homme-qui-mange-pas-encore-de-bonbons-mais-c’est-juste-pour-le-fun-pis-pour-aller-le-montrer-aux-voisins (biz biz biz)  Robot en tissu de mitaines de four (porté 3 fois) , Pirate de la Rive-Sud qui porte des jambières de cuir en vrai cuir de vraies bottes jadis portées par Mère-Pirate (ou Mère Courage, c’est selon), Chauve-souris qui a vu le jour 1h seulement parce qu’il mouillait à sciaux cette année-là (la cape en satin noir et le masque m’ont coûté plus cher sur Etsy que tous les bonbons qui sont entrés dans cette maison depuis le début des temps) Détail.

Sans oublier Squelette avec ses os de feutrine blanche découpés aux petits ciseaux de broderie, la langue sortie, puis cousus de fil rouge devant la télé pendant des heures, point dans le dos inclus.  Jedi Noir porté zéro heure parce finalement on veut être un squelette comme les amis (encore) pis Mère Courage en panique court dans les boutiques chercher un pyjama squelette. Ce que fils veut…

Ma mère nous a toujours confectionné nos costumes. La joie quand chaque année ma mère ouvrait le grand coffre et qu’on fouillait dans les costumes collectionnés au fil des ans.

Je fus clown bougon, parce qu’obligée de porter une tuque sous mon chapeau pointu. Fille-sorcière au balai de branches trouvées aux abords des sous-bois puis assemblées par Mère Sorcière au chapeau géant orné de grands cheveux de laine orange. Je fus fée dans une robe vaporeuse  lilas fleurie cousue par Mère Sorcière. Je fus dame du monde, arborant strass, étole de fourrure et parfum de boules à mites. Mon hit; Cindy Lauper aux cheveux raidis, tant spraynetés d’orangé qu’ils cassaient presque au vent, les colliers à porter plus lourds que mon butin sucré.

Je tant vécu cette frénésie d’octobre enfant que c’est un passage naturel que de le faire vivre à mes enfants maintenant.

Parce que oui, habiletés et envie sont là, mais aussi vrai fun de petite fille, me tuant à la tâche Halloweenienne année après année presque par pur égoïsme. Chaque fois, j’attire les Oh et les Ah! des parents médusés. Seulement voilà, « fabriquer des costumes » c’est pas si sorcier au fond. Pas si long, pas si coûteux. Une vieille chemise barbouillée de gouache, on a un peintre. Un sarrau blanc, des lunettes croches, des cheveux en pics, la face noire; un savant fou!  Emmenez-en des projets. Good God, viens-je de trouver ma seconde carrière? Catou fabrique tout, costumes en tous genres, me semble ça sonne pas pire.

Seulement voilà, est-ce que l’imagination et la belle folie des parents se trouvent coiffées au fil d’arrivée par les modes? Le désir d’être pareil comme les autres, soit le 9e Sith de la classe, le 6e Darth Vador de la rue, le 14e Iron Man de l’école? On me glisse à l’oreille qu’il y a pénurie de costumes de Minions dans un rayon de 300 km.

La crainte (encore elle) d’être pas pareil, de dépasser, de devenir le centre de l’attention. Pas pour les bonnes raisons. Cette lutte très forte entre vouloir se démarquer, assumer son être à part entière et en même temps pas.

Et dans le coin gauche, le désir des parents de satisfaire leur moussaillon qui, refusant d’être le seul de l’école déguisé en ce dernier (un chandail rayé, un bandana rouge, des culottes trop courtes) rêve la nuit comme le jour de son costume de Spiderman. Que faire? Nul ne veut que son enfant soit déguisé en mouton noir.

Je ne dis pas que j’ai tout bon, je me questionne. Je réfléchis tout bas.

Chaque année, je retiens plusieurs choses à la suite des ouvertures de porte multiples en balayant les feuilles qui se sont engouffrées à l’intérieur:

y a donc ben des Darth encore cette année

à quel âge c’est legit d’être poli pis dire merci?

maudit que ça m’insulte des petits gars pas déguisés qui se cachent sous leur hoodie en ouvrant leur sac à dos, mais surtout,

je retiens toujours les inédits, les parents qui ont habillé leur petit homme en « huissier » portant chapeau, mallette, moustache et trench long. (déjà vu!)

Les petites geishas, les poupées maléfiques, les savants fous…

Dans ma maison qui se prépare pour le jour H, je m’arrête et observe.

Du travestissement partout. De l’imagination dans tout.

Comme si d’en vivre n’était pas assez.

Se transformer, surprendre, étonner, chercher l’idée unique.

Voilà qui n’est pas à mille lieues de qui je suis.

Et si on vivait l’Halloween comme on est profondément?

………………..

Je sais, je ne vous gâte pas beaucoup ces temps-çi, c’est que je suis déguisée en actrice à temps plein.

Items à réunir pour ce costume?

Bah facile:  une face à moitié démaquillée, un cerveau plein de mots, un réveil réglé à 5 du matin, pis beaucoup, beaucoup de fun.

Et de reconnaissance.

Ça vaut tous les bonbons.

 

 

p.s. Surtout que j’en mange pas. Moi c’est les sacs de chips que je pique.