Le père de Superman.

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Il s’appelle Claude.

Ce n’est pas un ami. En fait oui mais pas de moi. (Quand peut-on dire qu’on est amis?)

Claude est un homme, un papa, un amoureux. Pas un super héros.

Un homme.

Un collègue. Mais pas de moi non plus.

C’est un voisin.

Il habitait un petit appartement sur ma rue quand j’y ai emménagé avec mon jeune couple sans enfants il y a un peu plus de 10 ans. Lire la suite

Penser à Sophie.

Les Iles 2006 - 111

 

On a tous dans notre entourage, une amie, une collègue,

une voisine, une cousine,

une belle-soeur, une élève,

qui ne perd jamais son calme.

Son flegme ni son sang froid.

Quelqu’un qui ne laisse pas entendre sa voix de stentor pour ramener à l’ordre ses troupes. Qui explique doucement les choses, et les voilà qui se font. Pour qui y a jamais rien de grave.  Lire la suite

Une marche à la fois.

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Petit matin tôt.

Un peu pressé mais pas trop.

Sans grand espace pour l’imprévu.

Petit matin tôt normal quoi.

Ma menue quatre portes rutile sur la rue Quinn; toute enjolivée de la fin des lilas, des pancartes annonçant les ventes de garage passées, celles où je n’ai pas eu le temps de venir fouiner.  Ou celles à venir, où je me promet pourtant de passer jeter un oeil intéressé.  Lire la suite

La mère Perroquet (essai)

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Après le parent hélicoptère et l’Homme 7 up, (Où diable sont d’ailleurs passés les Respectables?) voici venue l’ère de la mère Perroquet.

Espèce en voie de prolifération massive -si j’en juge par les confidences de mes amies maman-la mère Perroquet se sent parfois bien seule de son espèce mais est loin de l’être, qu’elle se rassure. Effectivement, quantité de parents Perroquets prolifèrent en nos terres, le genre féminin sera ici privilégié pour alléger la suite du texte. Non pas que les pères Perroquets soient lourds, comprenons-nous bien. Bref. Lire la suite

Écouter de la chaleur.

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« Voyons à matin! »

Expression qui fait sourire à tous coups mon petit homme qui fête ses 4 ans aujourd’hui lors des matins pressés. Savez, ceux où la boucle du siège d’auto reste coincée? Qu’une mitaine manque à l’appel ou qu’on a oublié d’intégrer le déneigement de l’auto dans notre déjà très serré horaire matinal? Ces matins-là. Lire la suite

Je ne sais plus écrire.

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En regardant les petits doigts crochis de mon fiston, ses jointures blanchies par l’application portée au geste d’écriture qui fait parfois s’éclater la mine,  la langue sortie, l’œil attentif,  je réalise que cet apprentissage est bien loin derrière.

Bien maîtriser la motion pour inscrire un « m » comme il se doit. Respecter les couloirs d’écriture, les pointillés comme fidèles guides.  Mettre de longues secondes à réaliser un    « o » qui se respecte; ni trop en forme de coco, ni trop grand cousin du point. Ne pas oublier de ponctuer, de majusculer les débuts et de faire s’exclamer les finales enthousiastes.

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Le coeur intersidéral

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Samedi dernier, j’ai fait un voyage avec John The Wolf. Seul en scène avec sa guitare, à ses côtés, un crâne démesuré.  Un crâne comme un spectre, qui ne lui volera jamais la vedette. Leloup seul.

Pas de choeurs, pas de drum ni de maracas. Pas de pédales pour distortionner le son. Il ne changera même pas une fois de guitare. Retrouvailles avec une idole.

Devant Wilfrid-Pelletier déjà conquis, qui jappe dès qu’il le commande, imite un train fatigué ou scande son amour dans les -rares- silences, LeLoup portant chapeau et tout vêtu de noir, enfile les riffs, les hits et les refrains à un rythme d’enfer.

Et défilent à la même cadence, les souvenirs. Reviennent en mémoire les lieux, les gens aimés. Où on était, ce qu’on faisait. Sentiment de déjà vécu, voyage dans le temps…

Je me vois dans ma chambre doucereuse peinte de menthe et de rose; la cassette Menteur dans mon radio rouge. J’ai 14 ans.

« Laura dis-le moi où tu l’as trouvée ta minijupe? »

Apprendre par coeur Printemps-Été pour épater les copains. Me repasser en boucle ce clip amusant et fou à Musique plus, dans le temps qu’on y voyait encore des clips.

L’amour est sans pitié. Un des premiers spectacles dont j’ai le souvenir. Ses Converses bicolores battent le rythme sur les boîtes de son, un haut de forme cache sa chevelure trempée de sueur. La Sale affaire est déchaînée. Leloup pourrait cesser de chanter, la foule martèle les paroles à sa place. Je croise des camarades de classe émêchées dans les toilettes. Yeux brouillés par l’alcool blanc avalé sous le néon cru, la démarche titubante. Mon frère en guise de garde du corps dans le trash d’avant-scène. C’est ma fête, j’ai 16 ans.

Un vague souvenir d’être restée après le spectacle pour aller le saluer à l’arrière scène. Ou ai-je voulu le faire mais la gêne l’a emporté? Francis, t’en souviens-tu?

Au Cégep, dans un cours d’histoire du cinéma, je reconnais le clip Isabelle dans le film À bout de souffle de Godard. Encore Leloup qui rode autour, qui veille.

Le Dôme. J’entre au Conservatoire, j’ai 21 ans. Effervescente période de connaissance de soi, d’apprentissage et de création. Je suis partout et nulle part à la fois. Je veux tout; le beurre, l’argent du beurre, son emballage, le gâteau et le crémage. Comme une jumelle de cette pochette fleurie en même temps que noir en blanc. Une sorte d’insouciance réfléchie.  Les vers de Johnny Go côtoient dans ma tête ceux de Shakespeare, de Racine et Marivaux. Étonnant comme il y a toujours de la place dans l’esprit pour ajouter des mots.

Leloup. Plus de 25 ans qu’il est dans ma vie, jamais bien loin. Compagnon fidèle et fou. Parfois je ne l’ai pas suivi, d’autres fois pas compris. Je l’ai mis de côté et l’ai oui, jugé dans ses errances et ses morts programmées.

Mais mon Leloup est revenu, bien vivant, je l’ai vu samedi. Il ne s’est pas défilé, n’a pas eu peur de nous. Il a enfilé les airs sans presque s’arrêter pendant 2 heures. Comme si un silence trop long de sa part allait nous faire fuir. Au 2e rappel, il est revenu sur scène en nous confiant avoir demandé à l’équipe en coulisses: « Est-ce qu’ils veulent vraiment que je revienne ou ils sont juste polis? Y’est tard…ils veulent peut-être rentrer… »

Depuis oui, je suis rentrée mais mon coeur pas totalement.

Encore,  joue nous encore de ta guitare. Je me souhaite longtemps tes grands instants de lucididididité et de génie. Je veux encore ton coeur généreux et ouvert, ce coeur immense de grand enfant.   Non Jean, je ne veux pas rentrer. Je veux encore des souvenirs avec ta bande sonore.

Chaque fois que j’entends la pluie qui tombe
Je pense que le ciel pleure
Ceux que j’ai fait pleurer
J’espère que mes erreurs
N’ont pas fait trop de mal
Et j’aimerais que mon coeur soit intersidéral
J’espère que mes erreurs
N’ont pas fait trop de mal
Et j’espère que mon coeur est intersidéral

Singeries

 

Aujourd’hui, c’est le Nouvel An chinois. Commence aujourd’hui, l’année du singe de feu. Mis à part le fait que je pourrai dire que mes boys parfois criards seront à la mode cette année (héhé), dans ma vie, concrètement, ça ne change rien.

On a parlé partout dans ma radio de ce que ça fait ça, l’année du Singe. De ce que ça veut dire pour les milliers de chinois qui naitront cette année, et tout le tralala.  J’ai écouté distraitement en buvant mon thé, l’autre main sur le volant. Et les yeux qui guettent les conducteurs qui textent, question de passer ma rage d’une autre façon qu’en me rongeant les ongles.

Entrée en coup de vent dans le hall de l’immeuble où je me rendais, poussée par une porte tournante très en forme,  mon gobelet de thé quasi vide et moi, on s’approche de ce petit kiosque typique des rez-de-chaussé de tours à bureaux. Là où on offre sandwichs, cafés, jus et fruits un peu poqués aux employés dispersés sur les étages.

Une gentille dame aux yeux bridés, over énergique,  m’accueille tout sourire et accepte de remplir mon gobelet d’eau bouillante. Elle m’offre de choisir parmi un assortiment de thés tous plus parfumés et invitants les uns que les autres en ce matin froid, où j’ai inconsciemment enfilé mon manteau le moins chaud. Gingembre ce sera. Et la voilà qui me jase ça en déballant le sachet, me demande si je travaille dans l’immeuble, me dit presqu’émue que c’est le Nouvel an chinois,  (est-ce que je dois lui souhaiter Bonne Année?!) et que pour célébrer elle fera des rabais toute la journée, de passer le mot à mes collègues et tout.

Un rabais sur mon breuvage chaud; 1 dollar au lieu d’1,50$. Ça me fait plaisir et sourire.  Et je m’attarde un peu. Même si mon sac me pèse, que j’ai un peu froid dans ce hall impersonnel plein de courants d’airs, que mon meeting va commencer. Je reste un peu.

Depuis, des questions.  Depuis combien de temps est-elle ici? A-t-elle une famille? Célébrera-t-elle ce soir avec les siens? Quelle est la portée de cette fête dans son pays d’origine?  Est-ce que les gens l’ont remerciée de nous offrir un rabais à nous, alors que c’est sa fête à elle? L’ai-je moi-même assez remerciée de cette attention?

Prochain rendez-vous dans ce building,  j’irai la voir à nouveau, la saluer et lui acheter un breuvage chaud à 1,50$. Je lui demanderai de me dire comment on dit « Singe » en mandarin. Parce que « merci », je sais le dire, c’est « xie xie », mais que ce matin, je n’y ai juste pas pensé.

 

Bonne année du Singe à tous.

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