Les petits coquillages.

« Les petites choses n’ont l’air de rien, mais elles donnent la paix. » 

-Georges Bernanos.

 

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Penser à d’autres que soi… pendant qu’on pense à soi.

Équation complexe me direz vous? Contresens?

Non pas tant.

C’est tout à fait possible et même souhaitable me diraient certainement les bonzes du lâcher prise. Comme ces défis photos qu’on accepte en voyage et qui remplissent notre périple d’une mission ludique: « Prend une photo d’un animal! »  « Prend une photo d’un animal qui dort! » « Rapporte-moi un bout de bois qui ressemble à un animal qui dort! »

Ces défis, parsemant nos voyages de pensées vers une autre personne,  aimée, qui a passé sa commande, sont essentiels. Tant du côté de celui qui part et cherche que de celui qui reste et poursuit sa course folle dans le quotidien.

Ils meublent nos moments de ressourcement, et le sont presqu’autant que de perdre son regard dans les vagues ou faire des bonds dans l’eau avec des galets plats.

Les petits coquillages rapportés de voyage, précieux pour celui qui reste les pieds ancrés sur le béton, deviennent des trésors.

Ces petits coquillages, dénichés pendant une quête méditatrice pour trouver le joyau parfait, souhaité, espéré, sont autant de richesses pour le chasseur.

Les pieds dans l’eau fraîche, le regard au sol, la main à l’affût comme un Martin Pêcheur de son dîner, pour aller piger rapido dans le sable mouillé la coque que le soleil a fait briller avant que la vague la ramène.  La mission n’est pas impossible. Parce qu’on n’a pas de temps limite. Que rien n’explosera, que les méchants ne grattent pas le bas de la porte avec leur attirail armé. Que personne ne sonnera le glas du temps écoulé.  Une mission douce, portée par la pensée de l’autre, une quête sans pression. Sans autre deadline que la date du retour.

Pendant cette quête; exit les soucis, exit les listes, si ce n’est celle des défis à remplir pour tout un chacun. Si souci il y a, c’est de choisir quel roman on abordera après celui qu’on achève déjà.

Pendant cette quête, l’esprit qui lâche, le hamster qui s’endort, tout assommé qu’il est par le mojito de trop.

Pendant cette quête de penser à quelqu’un d’autre, un retour aux sources, un retour à soi, où tous nos sens sont à l’affût.

À l’écoute du clic de la canette de Fanta qui s’ouvre et pétille.

À l’écoute du pof sourd de la balle qui trouve son nid dans la mite du Papa.

À l’écoute du rire du garçon qui est fier du lancer qui a failli le déjouer.

À l’écoute des rythmes enivrants associés aux vacances.

À l’écoute du bruit des vagues qui nettoient, qui brassent l’existant, qui laissent sur la peau, le sel de la terre.

À l’écoute aussi de ce vent qui emporte tout; la grande fatigue, les lourdes peines qu’on masque, les déceptions qu’on cache. Les avaries, les ennuis. De travail. De santé. Les relations envolées. Le trop plein.

Les inquiétudes, même quand rien ne nous inquiète jamais.

Et de nouveau ces vagues qui dégagent du ressac et ramènent au dessus du reste; les plaisirs, l’amitié, les rires sonores, les moustaches de Fanta, les folles sorties improvisées, les soirées spectaculaires.

Ces vagues, qui laisseront sur la grève,

les petits coquillages.

Qu’on rapportera précieusement dans nos bagages et qui feront sautiller de plaisir et d’exaltation les petits destinataires.  Et s’émouvoir les grands de cette pensée pour eux.

Ces petits coquillages, comme autant d’attentions dirigées vers les autres, toujours.

Écrins de la mer,  qui sèmeront chez les enfants je le souhaite tant, ce désir de faire simplement plaisir à ceux qu’ils chérissent.

De leur rapporter à leur tour, des petits coquillages.

Pour tout. Pour rien.

Pour dire: j’ai pensé à toi.

Pendant que je pensais à moi.

 

 

 

Texte dédié à Amélie St-Aubin
Photo: Collection personnelle 

 

 

 

 

 

 

3 réflexions sur “Les petits coquillages.

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