Ouin ouin je sais.
On dirait que je vous ai oubliés.
Faut pas m’en vouloir, c’est juste que je suis occupée. Occupée à profiter.
Profiter des tomates que me fournit mon micro jardin. Profiter des appels de cigales et des congés de gazon des voisins. De l’heure du 5@7 qui se pointe, qui me fait m’empiffrer pis prendre du poids pis que je m’en fous. Pour le moment.
Occupée à additionner les heures de fun passées avec tout un chacun. Et toutes celles qui sont à venir encore.
Occupée aussi à soigner ce mal de dos causé par mon grand garçon blond qui redevient petit quand la distance à marcher se trouve insurmontable pour ses grandes petites pattes. Léger poids lourd d’amour.
Occupée à vider les valises, bourrer le lave-linge, regarnir les valises à nouveau qui s’empileront en roulant vers d’autres aventures.
Occupée à panser ampoules, plaies, grafignes et piqures. À enduire de gel apaisant les épaules rougies. À tartiner de 45 les petits cous brunis.
Occupée à désherber mon parterre de ces grands fouets indésirables qui croissent de 2 pieds la nuit venue. On les dirait faits du même bois que les toiles d’araignées qui bornent chaque passage à vide de l’extérieur.
Occupée à observer les enfants aller quérir les ballons perdus dans la jungle d’hostas. Les voir partir dans la lune entre 2 tirs au but. Leur envier cette prise totale sur le moment présent. Toute évachée que je suis dans mon salon extérieur comme Banana split au soleil. Voyez comme je travaille fort le lâcher prise.
Occupée à ne l’être pas vraiment au fond. Occupée à m’occuper. Et à mesurer ma chance.
Ben busy la fille.
Pourquoi, malgré ça, j’ai l’impression que ça sent la fin? Pourquoi au bout du tunnel de fun, vois-je venir la pente descendante? Pourquoi j’ai l’impression que le plus fort de l’été 2016 est déjà derrière nous? Que la liste des items à réunir pour alourdir le sac à dos retrousse de sous la pile? Que déjà, l’envie de collectionner les idées de lunchs pour rendre les midis toujours plus wow se pointe la face, réveillée par les goûters à préparer pour les 2 semaines de camp de jour. Préliminaires.
Maudit.
J’ai pas encore fait de ponton chez Lucie. Pas bu mon martini litchi avec Anie. Ni piqué une plonge dans le lac. Ni fait de virée au ciné-parc.
Pas cuit encore la paella annuelle. Et cette fête de voisins qu’on se promet depuis le printemps? Et les camarades à aller applaudir sur les scènes estivales?
File pas trop vite, été. Flyez pas si vite, vacances. Laissez-moi encore un peu de fun, il y a tant d’items sur ma liste à cocher.
Laissez-moi encore vaquer à rien faire, mariner un peu dans mon jus de crème molle.
Encore un peu vouloir faire tout sauf l’utile, sauf l’important.
Balayer sous la couche de galets ronds et polis, le nécessaire.
Non mais, laissez-moi manger ma banane.
Pis après, promis, je retourne travailler.
Faut ben vivre.
Illustration rafraîchissante: Amélie Montplaisir