Étrange comme les bonnes nouvelles s’accompagnent souvent d’un pot.
Comme les grandes joies flirtent avec les tristesses.
Saviez-vous qu’il est aisé de passer du rire aux larmes parce que ça provient de la même source? La même source de respiration. Le même mécanisme du diaphragme qui permet de libérer un éclat de rire, comme un sanglot. On apprend ça à l’école de théâtre.
Aujourd’hui, j’en ai vécu une bipolaire. Jour parfait pour se coucher le soir avec la migraine, parce que la tête ballotée en tous sens toute la journée. Le coeur aussi. Du rire aux larmes en un instant.
7 jours en un.
Une minute, une bonne nouvelle retentissante, un projet inespéré, inspirant, salvateur et gratifiant. Une envie folle de vouloir crier mais le garder par en dedans, avoir le goût de poper le bouchon et boire les bulles à même le goulot. Un cadeau de fête livré un jour trop tard.
7 jours en un. Le coeur balloté. Les sentiments testés à leur maximum. Sentir que l’Express pour la suite vient de décoller à fond de train et qu’on a peine à tenir son équilibre malgré les 2 mains bien accrochées.
Des choses qui avancent à la vitesse grand V, qui nous filent entre les doigts et d’autres qui s’arrêtent. Le sablier qui ne se retournera plus. Jamais. Pour toujours, la vie qui s’arrête.
Aujourd’hui à 16h, mon oncle est parti. Il a décidé que la bataille était terminée. Il ne l’a pas perdue. Il a décidé du moment de son départ. Connaissant sa finalité, autant décider du moment où on quitte L’Express pour la suite, plutôt que se faire imposer l’arrêt où le voyage se termine.
Le peu de contrôle qu’il lui restait sur le volant, il l’a utilisé et donné l’ultime coup de roue.
Je l’avais visité samedi dernier. Il était content. Il avait de l’esprit. On a rit. Et on s’est remémorés le déluge du 14 juillet 1987, qu’on a passé ensemble dans sa cuisine, reluquant -non sans une certaine inquiétude de ma part- la rivière d’eau dans la rue. C’était avant les réseaux de nouvelles en continu. Quand on ne pouvait que regarder dehors et attendre que ça s’arrête sans savoir ce qui se passait ailleurs. C’était quand on était ensemble, simplement, sans être curieux de la vie des autres. Trop occupés à vivre la nôtre.
5 mai 2016. Une journée de soleil et d’étoiles. De feu d’artifices et de feu de bengale qui s’éteint comme il a pris feu, il y a quelques 72 années de ça.
Je me souviendrai longtemps de ce 5 mai 2016. Celui où les gars ont mangé des cocos pour souper, trop épuisée que j’étais pour leur préparer autre chose. Le coeur gonflé de peine et de joie à la fois. De fierté autant que de nostalgie.
Je n’ai pas ouvert de champagne finalement. J’ai twisté un rosé en paresseuse parce que ça pressait. Ça pressait cette gorgée fraîche qui calme et met du mou dans le genou.
Ça pressait ce chin vers le ciel.
Bernard, tu regarderas mon show à la télé avec grand-maman Estelle pis vous me ferez un clin d’oeil d’étoile filante si vous aimez ça.
Une étoile de plus dans le ciel à soir.
7 journées en une.
Y en a des de même.
Toute une vie qui s’arrête.
Y en aura d’autres.
Une étoile de plus dans le ciel à soir.
J’ai de la peine pis je souris en même temps.
Une bipolaire que je vous disais.
- Source: Montreal Gazette.