La mère Perroquet (essai)

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Après le parent hélicoptère et l’Homme 7 up, (Où diable sont d’ailleurs passés les Respectables?) voici venue l’ère de la mère Perroquet.

Espèce en voie de prolifération massive -si j’en juge par les confidences de mes amies maman-la mère Perroquet se sent parfois bien seule de son espèce mais est loin de l’être, qu’elle se rassure. Effectivement, quantité de parents Perroquets prolifèrent en nos terres, le genre féminin sera ici privilégié pour alléger la suite du texte. Non pas que les pères Perroquets soient lourds, comprenons-nous bien. Bref.

La mère Perroquet donc. Apprenons d’abord à la connaître mieux. Elle est mère, jusqu’ici tout est simple, et voilà qui l’est davantage; c’est celle qui répète. Qui répète. Et répète encore. Tant et si bien qu’elle en perd la voix. Et parfois aussi, la voie de la raison.

S’esquintant à vociférer en boucle les mêmes airs connus :

V’nez mangeeeeeer!

Viens brosser tes deeeeeents!

Arrêtez de vous chicaneeeeerr!

Tout le monde tout nu pis dans le baaaaiiiiinnn!!

Et ses variations :

Les gaaaaarrs, arrêter de vous chicaneeeer, on ferme la téléééééé pis on vient mangeeeer!

Airs qui ne trouvent pas toujours de répondant, ce qui mène la mère Perroquet à questionner sans cesse son autorité. Elle songe parfois à apprendre une nouvelle langue et vit dans le doute perpétuel qu’elle ne s’adresse pas à sa progéniture dans le bon dialecte,  d’où le manque de réactions aux phonèmes qu’elle leur destine.

Ça, c’est quand elle n’est pas confrontée à la douleur de penser qu’elle a engendré des petits oiselets sourds. Doute qui la quitte rapidement dès qu’aux mots  « bonbons », « dessert » et « surprise », ses héritiers ailés répondent plus que présents, à la vitesse d’un faucon pèlerin fonçant vers sa proie.

Souvent épuisée, ayant l’impression d’un jour de la marmotte sempiternel, la mère Perroquet aurait tout intérêt à revoir sa stratégie. Réinventer les formules. Surprendre sa descendance.

La mère Perroquet est-elle atteinte d’un toc qui se soigne?  Ou du moins, qui peut s’amenuiser moyennant un peu de bonne volonté et beaucoup de courage? Quelles sont les solutions qui s’offrent à cette espèce des temps modernes qui survole tous les réseaux en quête de nourriture afin de s’élever dans les hautes sphères du parent irréprochable, souriant, toujours bien mis, flanqué de sa marmaille plus que parfaite dans leur nid douillet en camaïeu de blanc? (J’y reviendrai)

Une piste de solution : la variété.

Peut-être est-ce là la clef? La mère Perroquet devrait-elle varier les chansonnettes? User d’imagination pour inventer des trilles nouveaux afin de susciter chez ses moineaux l’intérêt?

Autre piste, se questionner.

Est-il si nécessaire de tout répéter à intervalles réguliers? Pourquoi la mère Perroquet s’égosille-t-elle autant sur des éléments de la vie quotidienne d’apparence si futile?  Est-il SI essentiel que les oisillons de la portée soient plus rapides sur la drill de la brosse à dents que des écureuils le sont à creuser pour shiper les bulbes plantés à l’automne? Les caries se développent-elles si rapidement? Le dentier guette-il les marmots avant leurs 14 ans?  Nous pourrons l’observer quand les poules auront des dents.

8 minutes de moins de sommeil parce que fiston étire son jeu auront-elles raison de sa réussite à l’examen au Barreau? Et s’il arrivait 4 minutes plus tard dans le bain, la punition d’avoir à s’ébrouer dans une auge froide serait peut-être suffisante pour le faire voler plus vite le prochain bain venu?

Tout cela bien résumé, la mère Perroquet se sent bien seule et souvent incomprise, pour la simple et bonne raison qu’elle est plus souvent qu’autrement l’artisane de son bien relatif malheur.

De même que la seule à pouvoir y remédier.

Parce que selon plusieurs sources bien informées avec preuves à l’appui, la mère Perroquet ne cesse ses litanies sur « repeat » qu’une fois les petits poussés hors du nid. Elle gagne donc à prendre avec philosophie cet état de répétitrice en chef et gonfler ses plumes pour renforcir sa carapace le temps que cela dure.

Je m’appelle Catherine, je suis une mère Perroquet.

Je suis une mère Perroquet.

Merci de m’aimer comme je suis. Merci de m’aimer comme je suis.

3 réflexions sur “La mère Perroquet (essai)

  1. J’avais pas encore lu ton texte sur la mère perroquet, c’est vraiment très bon. 23 ans plus tard, je suis encore une mère perroquet et quand mes petites (oui, ce sont encore mes p’tites ) de 23 et 21 ans quitteront le nid familial, je suis certaine que mère perroquet ici présente va s’ennuyer de répéter « v’nez souper » !!!!

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