Ce matin, de la pluie.
Sauf qu’elle n’est pas purple. Mais mon coeur lui, l’est.
Un coeur violet ni si triste ni si heureux. Sorte de coup de blues adouci par un sourire, par des souvenirs en joie. Coeur à la couleur insaisissable et énigmatique; un coeur purple.
Je ne suis pas une méga fan finie de Prince, ne connait pas l’ensemble de sa discographie, mais nommer ses succès dansants, ça je peux.
Prince est de toutes mes sorties dancing réussies. Une soirée sur la piste sans lui n’est pas un total succès. J’ai souvent dit à la blague que même si j’étais en grande conversation avec Brad Pitt dans une fiesta, si Kiss me lançait ses premières -et inimitables-notes de guitare, je le quitterais pour le dancefloor, faisant cliqueter mes talons. Désolée Brad, c’est ma toooooouuuuuune! Brad, you don’t have to be rich to be my boy.
Prince est aussi lié à mon premier appart. Un demi sous-sol au coeur de Montréal Nord, un bail endossé par mon père, où je logeais avec Josée la magnifique. Appart à l’entrée sombre qui a accueilli d’innombrables fois les 2 colocs aux petites heures, buttant sur les nombreuses paires de chaussures s’y accumulant, les pieds endoloris de mémorables soirées dansantes. Là où Josée y allait de sa musique étonnante et éclatée, faisant ouvrir mes œillères de fan de pop, de country et de rock. Diane Dufresne, Kate Bush, Rafaëlla Cara, Queen et bien sûr, Prince se bousculaient dans le portillon du radio cassette niché sur un meuble à la sortie de la salle de bain à la céramique psychotronique. À go; Let’s go crazy!
Prince est depuis lié à cette amie précieuse. Malgré la distance et les autres éloignements de la vie.
J’ai presque honte de ne l’avoir jamais vu en show. Toujours une meilleure raison. Toujours une excuse. Pas de place pour les regrets ici. La musique est là encore, vivante.
Plusieurs ont cherché pendant des décennies à trouver un sens à cet hymne qu’est Purple Rain. Y est-il question de sa relation avec son père, qui refusait sa bisexualité? Y est-il question de la fin du monde, où le sang coulerait sur le ciel, résultant cette pluie violette? Ou est-ce que cette mélodie est simplement un appel à une sorte de paix intérieure, une demande de douche salvatrice qui apaise les tourments du coeur.
Prince aurait répondu à cette question mille fois posée sur la signification de cette chanson mystérieuse: « The meaning is there if you look for it. »
Je n’aime que davantage The Artist (Formerly known as Prince) avec cette réponse.
Pourquoi chercher toujours à comprendre tout? On s’en fout non? C’est ça la magie de l’art. Que ce qu’exprime quelqu’un nous atteigne. Que ça nous fasse rire ou danser ou pleurer ou nous donne envie de chanter à tue tête et de repérer les versions karaoke sur youtube pour se faire accroire que nous aussi, on a un range vocal aussi étendu que le sien.
Juste se laisser atteindre et porter, laisser aller les membres fous, lâcher du leste, lâcher son fou ou pleurer à l’écoute de cette voix unique qui nous transperce de son appel à l’aide. Même si c’en est pas un. Et si ça en l’air d’un pour nous, pourquoi pas?
Ce matin en quittant la maison j’ai dit à mes enfants: en fin de semaine les gars, on écoute Prince pis on danse!
Pour moi Prince, c’est le fun et la danse. C’est le laisser-aller fou qui flirte avec l’hystérie, sans jugements. C’est aussi des grands élans d’émotions et de peine vraie et profonde. Parce que branchés sur une source authentique. Une source du coeur. Branchée comme une guitare, portée par des mains amoureuses qui communient avec leur instrument, aussi habilement que Prince le faisait.
Aujourd’hui, il pleut.
Et il y en a beaucoup qui pleurent leur prince. Pis ça va être ça. On n’y peut rien.
Ni la pluie, ni les larmes ne sont purple.
Mais les colombes pleurent.
Et moi, je danse.