Prisonnière d’une paralysie grippale qui me laisse la tête comme dans un scaphandre, j’hésite entre rire et pleurer à la vue de ma fenêtre toute en gris ce matin.
Comment j’vous dirais ben ça… La température n’a généralement pas d’affect sur moi. Mais la période indécisionnelle, beaucoup.
Vous savez, ce moment d’apesanteur où on hésite entre une chose et son contraire? Entre une chose et son complément? Je l’appelle « l’entre deux chaises ». Et ça me rend malade.
Le printemps est entre deux chaises. C’est de la faute au printemps.
Chez le pharmacien du coin, des bacs gris déposés ici et là par terre accueillent les larmes qui tombent du plafond. Il faut se timer entre 2 gouttes pour ne pas prendre une douche en étirant le bras pour quérir sa bouteille de nettoyant pour le corps. Les piétons en espadrilles eux, prennent un bain forcé aux coins des rues, aspergés par des automobilistes pressés de n’aller rien décider au bureau.
La pompe du sous-sol part aux 5 minutes. Je pleure les pelles déjà rangées dans le garage. Je souris un peu tout de même d’avoir rentabilisé 3 fois ces bottes trop chères achetées l’automne dernier.
En proie à un choix déchirant de tous les instants, je fige.
Smoothie glacé ou gruau réconfortant?
Mitaines doublées ou gants de coton?
Bottes de pluie ou raquettes?
Thé glacé ou ponce de gin?
Entre deux maux mon coeur balance. Loin de choisir le moindre, je reste au neutre. Je ne choisis rien. Je choisis de ne pas choisir.
Pas une mince affaire. Le non-choix attise aussitôt la culpabilité, ne trouvez-vous pas? Aaahhh notre amie/ennemie la culpabilité… Je choisirai de ne pas en parler ici aujourd’hui. Pas assez d’énergie pour elle. C’est déjà un choix de fait. Je me sens un peu mieux.
Au Cégep, j’ai joué une courte pièce en un acte de Tennessee Williams qui s’appelait Parle moi comme la pluie et laisse moi écouter. C’était dans le temps où je découvrais mon art et je me trouvais donc ben hot de déclamer ce texte un peu triste et sombre, juchée sur un banc et portant un peignoir de soie fleurie. Comme une wannabe Sarah Bernhardt dans le petit matin. Ou était-ce le soir? J’ai la mémoire qui flanche comme dirait Jeanne Moreau.
J’y repense et ça me fait rire. Voyez, un choix de plus. Un a la fois. Aujourd’hui, je laisserai la pluie me parler et je vais l’écouter. Juste ça. Gros programme au bureau. Pas en robe de chambre de soie mais en mou ouaté. Je tenterai d’y trouver une parole colorée, une phrase avec de l’espoir dedans, une prescription de jours plus lumineux bientôt.
Et si la pluie s’arrête, je vais écouter de la musique, tiens. De la joyeuse ou de la triste? Des découvertes ou des vieux hits? En français ou en italien? Decisions, decisions… Voyez, on s’en sort pas.
Aujourd’hui, c’en est une de même. Une décision à la fois.
Déjà, j’ai choisi d’écrire, en toussant entre deux frappes. Et ça va un peu mieux. Si vous cherchiez du réconfort dans ce billet ce matin, sachez que nous sommes maintenant seuls, ensemble.
Merci d’avoir fait le choix de me lire. Ça va un peu mieux?