Un des grands petits bonheurs de la vie pour un petit, c’est de jouer aux grands. Jouer à Papa-Maman, à l’épicerie, à construire des maisons, arrêter les méchants, jouer à l’école.
On a beau vouloir qu’ils ne grandissent pas trop vite, nous sommes leurs modèles.
Je me souviens des moments où en maternelle, madame Jocelyne nous disait qu’on pouvait aller s’amuser au coin maison! Un monde de possibles s’ouvrait alors; cuisiner, bercer, ranger… j’en étais toute retournée de bonheur.
Je suis ravie que mon amoureux les implique dans ses boulots de grand. Ensemble, ils font « des petites jobs« , apprennent les vertus d’une bonne préparation au travail, comment lire un plan, à quoi sert un serre-joint. Il les considère, leur explique comment bien faire les choses. Jamais il ne leur a dit: t’es trop ptit.
Ça m’attendrit toujours de les voir jouer aux grands. Je me vois dans leurs gestes, je les entend répéter les précautions apprises: « attention c’est chaud, prend ton temps pour visser d’équerre, applique-toi pour ne pas briser la tige de ta plante ».
Et se féliciter entre eux quand l’objectif est atteint, être fiers de leur accomplissement. Même si les coins sont ronds. Parce que l’effort et l’intérêt sont là et que c’est la base de bien des choses.
J’aime voir les petits doigts crochus qui cassent les oeufs et mettent autant de coquilles dans le mélange que de farine à côté du bol. Si grands si vite.
Quand nous allons en visite chez mon amie Sophie l’été, elle sort pinceaux et seaux qu’elle remplit d’eau. Les enfants deviennent peintres l’espace d’un après-midi. La clôture prend alors un coup de jeunesse, même chose pour les murs du cabanon, et le béton de l’allée est gratifié d’une douche. Le plus le fun? C’est que le soleil sèche rapido les couches qui se multiplient ad nauséam. Bien au delà de l’heure de l’apéro.
Les laisser jouer aux grands. Même s’il y a de la terre dans le gazon autant que dans la plate-bande après le jardinage. Même si après deux coups de vilebrequin lors de l’entaille des érables de grand-papa, ils se découragent un peu et repartent chercher des pistes de lièvres dans la neige. Même si les doigts farfouillent dans la cassonade et y retournent après une lichette furtive. Leur apprendre à s’appliquer, leur transmettre nos connaissances, passer avec eux un moment. Tout simplement.
Les laisser jouer aux grands. Même s’il y a des coquilles dans les muffins, c’est du calcium après tout. Les laisser jouer aux grands, même s’il y a de l’eau par terre devant l’évier. Je déposerai une serviette au sol. Les laisser jouer, même si ça frise dans la fenêtre, ils joueront aux laveurs de vitre demain. Même si l’eau froide laisse un film gras sur les plats de muffins après la vaisselle.
Je la relaverai.
un billet touchant comme vous savez si bien écrire Catherine ! Merci
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