Je ne serai pas originale ici. C’est unanime, ce roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette est un incontournable. Une fulgurante course de l’auteure, en quête de cette femme manquée autant que détestée, sa grand-mère, celle qui a fuit toute sa vie.
Ce récit m’a rendue curieuse à nouveau d’une époque que je croyais connaitre. M’a donné le goût de voir le documentaire Les Enfants du Refus Global, réalisé par Manon « Mousse » Barbeau, fille abandonnée de cette femme en fuite qui a un nom; Suzanne Meloche.
J’ai ainsi voulu revoir les oeuvres de Borduas, renouer avec Gauvreau, connaître les oeuvres de Marcel Barbeau au lendemain de son décès, quelle ironie.
À la fin de chaque page, le goût de la suivante. À la fin de chaque page, une course vers le clavier pour qu’un monde s’ouvre; donner des visages aux poètes, des images aux titres de toiles.
Un questionnement tout au long de la lecture, qui restera sans réponse et douloureux pour la mère que je suis, comment peut-on quitter ses enfants?
Qu’une femme ainsi en fuite ait laissé une trace aussi profonde dans l’existence des siens, quoiqu’absente, c’est troublant.
Un objet de création qui donne envie de se cultiver encore, de creuser, d’aller voir plus loin, est rare. Qu’à la fin de la lecture, l’histoire ne se termine pas mais qu’elle continue d’habiter et de troubler, parce qu’on la sait fondatrice de tant de destins, ça l’est davantage.
Faites vous ce cadeau de traverser ces pages.
Je suis de l’époque de Manon Barbeau, je l’ai même connue, le temps de quelques exercices théâtraux, mais je retarde le moment de la « traversée de ces pages », comme on garde le meilleur plat pour la fin du repas déjà fort copieux ces derniers mois.
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