Écrire. Geste digne parmi plusieurs, expérience d’une rare félicité quand on arrive à enligner phonèmes et sonorités dans l’ordre qui créée une harmonie parfaite. Écrire, peut relever de l’exploit. De l’athlétisme du verbe, du macramé vocabulaire. Mais encore faut-il qu’on soit inspiré…
Chose étonnante, l’inspiration peut vous happer à tout moment. Il faut alors saisir la balle au bond, la rosée au petit matin, encore fraiche.
Pour moi, c’est la nuit que ça se passe. Impossible alors de me rendormir sans avoir couché sur papier le fruit créateur du hamster de mon esprit qui grignote les précieuses minutes de mon sommeil avec ses idées d’auteur à la gomme. Un calepin près du lit? J’y ai songé. Mais la lumière dont j’ai besoin pour guider ma plume risquerait de tirer chéri de son sommeil ronfleur. Voyez quelle amoureuse dévouée et soucieuse je fais?
Un dictaphone? Pensé à ça. Mais le son rocailleux de ma voix à 3h du matin; maman allaitante du bambin aux fringales nocturnes et gestionnaire de cauchemars de l’aîné, aurait tôt fait d’effrayer le fameux hamster de l’inspiration qui fuirait alors sans demander son reste. Et c’est bien connu, il faut se méfier du hamster qui dort où est-ce l’eau qui fuit? Peu importe. Je m’égare. Il est tard.
Me répéter ladite phrase (digne du Nobel de littérature of course) comme un mantra, pour être certaine de ne pas l’oublier jusqu’à ce que folie s’ensuive? Pas essayé. Pas assez folle encore.
Me reste l’ordi. Au rez-de-chaussée. Dure entreprise. Bondir hors du lit telle une gazelle fuyant le danger (…) Oui bon, un peu forte celle-là je vous l’accorde. Bondir, bondir… s’extirper à contre coeur des draps tièdes serait plus juste. Faire s’allumer la veilleuse de l’escalier au passage, en prenant soin de ne pas rater une marche ni de s’éclater l’orteil sur le camion de pompier qui a oublié d’entrer à la caserne. Une fois de plus. Sanction il y aura.
Passer une « petite laine » par temps plus frais. Bailler entre chaque touche. Faire vite pour ne pas laisser filer le filon! Profiter de la luminothérapie de l’écran sur son visage (au moins ça de bon) et pondre, à l’heure des poules, un texte avant qu’il ne s’envole ou que le coq chante trois fois.
Assez fascinant tout de même cet esprit qui s’accroche à une phrase et ne se laissera pas replonger dans le sommeil tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas été figée sur l’écran ou le papier. Imaginez le nombre de chansons perdues entre deux rêves.
Encore plus fascinante cette inspiration qui survient sans avertir à toute heure du jour ou de la nuit. Parlez moi de ça une fonction cérébrale et créative qui est toujours en alerte! Pas de repos qui tienne. C’est de la vigueur ça madame! Lectrice, sache que la création littéraire que tu as sous les yeux est le fruit d’un élan d’inspiration nocturne. De la haute voltige insomniaque. Quelqu’un a dit qu’ils s’amusent. Au diable la fiesta, moi je retourne me coucher. Inspiration, fais donc pareil s’il te plaît.